 | Loïc Sécher répond aux journalistes, ... |
Mardi 13 avril 2010, 21h17 Après sept années passées en prison, Marc Machin, qui avait été condamné à 18 ans de réclusion pour un meurtre revendiqué ensuite par un autre, et Loïc Sécher, condamné à 16 ans pour le viol d'une adolescente qui s'est rétractée depuis, devront tous deux repasser devant la cour d'assises de Paris. Et endurer un troisième procès. Loïc Sécher a quitté la prison de Nantes mardi peu avant 20hOO. "J'aspire à un repos psychologique mérité", a-t-il déclaré à la presse. "Le sort s'étant acharné sur moi, je vais mettre ma liberté sous contrôle judiciaire à préparer mon troisième procès afin que la justice m'innocente", a-t-il ajouté. Il résidera dans le Finistère, a indiqué son comité de soutien. Marc Machin, lui, est en détention provisoire pour une toute autre affaire, concernant trois agressions sexuelles présumées.
"On n'est pas inquiet sur ce nouveau procès, mais on est juste un peu fatigué", a déclaré son avocat, Me Louis Balling, en rappelant "huit années de procédure à se battre contre des murs et des regards amusés". La Cour de révision "a parfois du mal à comprendre que la justice s'est trompée", a abondé le conseil de Loïc Sécher, Maître Eric Dupond-Moretti. "Cela aurait été plus simple et surtout plus juste d'annuler sans renvoi", car "il ne subsiste rien des accusations". Condamné en 2003, puis en 2004, pour des viols sur une adolescente de 13 ans, Loïc Sécher devra de nouveau s'expliquer. Après l'avoir accusé en 2000, l'adolescente est revenue sur ses accusations en 2008. La cour d'assises de Paris évaluera la crédibilité de cette jeune femme, jugée fragile psychologiquement et connue pour avoir souvent fabulé. Mardi, elle s'est dit "soulagée" de la décision car "c'était important pour elle que Loïc Sécher sorte de prison", selon son avocate, Cécile de Oliveira. La mère de Loïc Sécher s'est elle aussi dit "fatiguée". "On sera morts avant que ce soit fini, ils vont nous emmener au tombeau", s'est-elle lamenté lors d'une conférence de presse en Loire-Atlantique. Concernant Marc Machin, l'examen devrait être plus aisé. En effet, rappelle la cour de révision, "aucun indice matériel n'a été relevé" à son encontre, et surtout, les aveux de David Sagno, qui s'est accusé du meurtre de Marie-Agnès Bedot en décembre 2001 au Pont de Neuilly, "sont corroborés par des traces" ADN. Interpellé une dizaine de jours après le meurtre, Marc Machin, 19 ans à l'époque, avait avoué les faits en garde à vue, parce que, expliquera-t-il plus tard, il en avait "marre des questions (...) et de la pression psychologique". La France renâcle à reconnaître ses erreurs judiciaires. Ainsi, entre 1989 et 2009, 2.848 condamnés ont demandé la révision de leur condamnation. Selon la cour de révision, seules 42 ont abouti: considérant qu'il existait bien "des faits nouveaux de nature à faire naître un doute sur la culpabilité", la cour a annulé 38 condamnations délictuelles et quatre criminelles. Depuis 1945, avant Sécher et Machin, six accusés ont bénéficié d'une révision, décrochant finalement l'acquittement après un nouveau procès. Parmi les plus connus, figure Patrick Dils. Condamné en 1989 à perpétuité pour les meurtres de deux enfants à Montigny-lès-Metz (Moselle), il avait vu sa condamnation révisée en 2001. Mais coup de théâtre, il avait été de nouveau condamné à 25 ans en 2001 par les assises de la Marne. C'est seulement en appel, en 2002, qu'il avait enfin été acquitté. |
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